lundi 28 octobre 2013

Kathy Reichs : Meurtres en Acadie

Pour cette troisième critique bouquin je m'aventurerais sur les terres acadiennes, chez nos cousins de l'ôt'côté de l'océan, en compagnie de Tempérance Brennan, anthropologue judiciaire partageant son temps entre Charlotte et Montréal. Si le nom de ce personnage vous dit quelque-chose, c'est simplement qu'il s'agit du même que celui interprété par Emily Deschanel dans la série TV à succès Bones. Cette dernière est directement inspirée des romans de Kathy Reichs auxquels appartient celui dont je vais parler ici. 

Emily Deschanel (à gauche) qui incarne Tempérance à l'écran et Kathy Reichs (à droite)

Le personnage de Tempérance possède de nombreux points communs avec sa créatrice, notamment leurs professions qui se ressemblent en tous point. Mais c'est en fait l'héroïne de la série TV, dont Kathy Reichs est également productrice, qui possède avec elle le plus de similitudes puisque comme elle est anthropologue judiciaire ET écrivain. Pour anecdote, l'héroïne des romans de Tempérance Brennan à l'écran s'appelle... Kathy Reichs ! Tout ça en fait pour dire que la Brennan des romans est différente de celle à l'écran, tant au niveau du caractère que du vécu. Même sa famille n'est pas la même mais je ne rentrerais pas dans le détail, ce n'est pas le propos du billet.

Après cet aparté sur l'héroïne, revenons au livre en tant que tel. Bon, autant y aller franchement, le style de Reichs n'a rien de mirobolant. L'action est décrite à la première personne et n'offre pas de grandes envolées littéraires. Par contre Kathy sait placer et exploiter des personnages hauts en couleurs et c'est davantage eux qui nous emportent que sa plume. Cela, et également le fait que l'auteur s'attarde sur leurs sentiments et les tensions générés par leurs interactions. Comme dans les séries TV, en définitive, où l'intrigue policière sert de décorum aux relations entre les différents protagonistes. Heureusement, d'ailleurs, car franchement l'intrigue policière également n'a rien de transcendant non plus. On apprend toutefois certaines petites choses sur l'Acadie et le Québec, même si cette successions d'affaires apparemment sans lien semblent s’emboîter comme par miracle grâce aux efforts de notre héroïne et de ses acolytes policiers.

Je terminerais là ce court billet car en fait je n'ai pas grand chose à dire sur ce roman. C'est certes une aventure divertissante (elle se laisse lire, quoi) que je m'étais procuré plus par curiosité qu'autre chose, mais elle reste assez mollassonne, conventionnelle et sans frisson. A réserver aux fans de la série, TV comme romancée. 

Meurtres en Acadie


Kathy Reichs
Vol. n°14293
Thriller de 473 p.
Catégorie : 9
Edité par Pocket, 2010
ISBN 10 : 2266201735
ISBN 13 : 9782266201735

mardi 22 octobre 2013

Justine Niogret : Gueule de truie

Le regard de l'exécuteur. Tiré de la couverture réalisée par Ronan TOULHOAT

Après avoir dévoré Chien du Heaume et Mordre le bouclier, j'ai donc attaqué avec un plaisir non feint ce nouveau roman de Justine Niogret. Déjà, rien que la couverture était une invitation. Après une ambiance moyen-âgeuse, Niogret place les protagonistes de ce nouveau roman dans une dystopie sur fond d’apocalypse : la fin du monde a eu lieu.
"Parce que le monde était tout ceci et pire encore ; le monde était sale, le monde était erreur. Cette vérité fait partie de l'enseignement, mais l'enfant n'a jamais eu besoin de l'apprendre. Il la connaît. Il la sent. Et la chose est juste, prouvée, puisque le jour du Flache, Dieu a ouvert la bouche pour parler et le monde est mort."
Extrait p.11 
Ce qu'il y avait avant le Flache n'est plus. Les hommes perdent progressivement leur humanité, mot après mot, souvenir après souvenir, pour irrémédiablement se fondre dans le néant qu'est devenu leur existence. La vie ne rime désormais plus à rien : tout est mort, le monde, l'espoir, l'avenir, tout. Dieu à abandonné ce monde et s'en est allé après l'avoir condamné, sans même un regard en arrière. Mais contre toute attente l'Homme a survécu et s'accroche à un survie illusoire alors que même l'espérance gît parmi les décombres du monde d'avant. Les Pères de l'Eglise œuvrent donc à terminer l'oeuvre de Dieu en éradiquant toute poche d'humanité rebelle, juste histoire de tirer le rideau une bonne fois pour toute.


Seattle, après la fin du monde

" (...) Ça dépasse de tous les côtés. On se prend les pieds sur des troncs couchés, des racines sorties du sol, ça n'est pas rangé ; ça a tort. Le monde est ruines grises, rues ouvertes, bris de glace et poutrelles crevant les murs. Il est punition ; il n'a pas à être moussu. Il n'a pas à être emmerdant, puisqu'il est mort. Gueule de Truie s'y connaît en morts, et s'il y a bien une chose qu'ils ne font pas, c'est avoir des exigences."
Extrait , p.21 
Gueule de truie, le personnage central de cette aventure, est une Cavale. Formé par les Pères de l'Eglise il est la main par laquelle ils parachèvent l'anéantissement de ce monde, conformément à la volonté du Créateur. Chasseur, bourreau et exécuteur, il est une sorte d'inquisiteur. Guidant la troupe, groupe d'hommes aussi anonymes qu'interchangeables, il traque toute implantation humaine pour la détruire, soumettant leurs chefs à la Question pour obtenir l'emplacement d'autres planques. 

Petit et puissant, Gueule de Truie endosse en toute occasion une combinaison noire et observe le désastre qu'est devenu le monde au travers des verres fumés du masque à gaz qui lui couvre intégralement la tête. C'est ce visage factice qui lui vaut d'ailleurs son nom, celui que lui ont donné les Pères, le seul qui en fait compte vraiment pour lui. La seconde peau de cuir qu'il revêt est pour lui une protection, une armure contre ce monde qu'il étranglerait de ses propres mains s'il le pouvait. Car Gueule de Truie n'a généralement pas besoin d'armes pour tuer. Ses poings et sa rage suffisent pour venir à bout de n'importe quel adversaire. 
"La fille regarde toujours le pont. Le vieux ne peut pas voir que quelqu'un l'attend de l'autre côté. Un garde, une fille ; plus jeune que la fille, et plus sale, aussi. Notre fille à une boîte, et l'autre fille a un gourdin clouté. Elle est vulgaire, très, alors la nôtre cherche un surnom et elle trouve ; la pute."

Extrait, p.42
La fille parcours le monde avec sa boite en fer. Elle est blonde et semble avoir un but mais n'en parle pas. De toute manière elle ne veut pas parler. Et c'est justement cela qui intrigue Gueule de Truie lorsqu'il croise sa route. Il sait qu'elle en est capable, elle ne veut simplement pas le faire. Elle n'a pas peur non plus, alors qu'elle devrait. Et puis qu'est-ce qu'elle a de particulier cette boite ?

Paysage dévasté - concept-art pour le jeu Fallout

Dès le moment de leur rencontre, le changement s'amorce, tant chez elle que chez lui. Leur existence commune devient voyage initiatique et quête de sens. Car c'est bien ici de quoi il est question dans ce roman : dans un monde qui n'en a plus aucun, où même les mots ne veulent plus rien dire, le sens est devenu la seule et unique chose à laquelle se raccrocher. La violence intrinsèque de Gueule de Truie est d'ailleurs née de cet état de fait : inconsciemment il ne peut accepter la vacuité de son existence, l'inutilité d'être, et repousse de toute son âme cette réalité où il ne se trouve aucune place au-dehors de lui-même.

Alors que la première partie du roman offre une structure et une narration plutôt classique qui lui valent sa comparaison avec La Route de Cormac MacCarthy (comparatif que je trouve personnellement très maladroit), la seconde moitié devient plus abstraite, plus symbolique. Les mots s'effacent derrière les idées, les notions évoquées, et le monde narré perd de sa substance et de sa cohérence. Ce procédé inhabituel et ce non conformisme volontaire de Niogret transpose la quête de sens des personnage du roman au propre cheminement du lecteur. En toute honnêteté, la lecture du roman m'a d'abord laissé perplexe un fois l'ouvrage refermé. Se sont alors enchaînées les questions et interrogations, me faisant alors réaliser que cet ouvrage dépassait le seul cadre de sa lecture.

Gueule de Truie s'avère finalement un ouvrage exigeant et déstabilisant. Ce n'est ni  un énième post-apo ou survival, ni une nouvelle ressassé de parcours initiatique. Non, on est ici en présence d'un voyage dont nous sommes tout à la fois spectateur et acteur, lecteur et protagoniste. Lire Gueule de Truie est une expérience à part entière qui ne laisse clairement pas indifférent. Je pourrais en dire bien plus long sur ce livre mais ce ne serait qu'une approche de ma propre expérience, un étalage de ma propre interprétation qui ne saurait être la même que la votre. A la réflexion, je me demande même si mon voyage sera le même à la seconde relecture car à n'en point douter je le relirais très certainement. En ce qui me concerne je considère donc ce livre comme une vraie claque et le classe d'emblée parmi les meilleurs romans que j'ai pu lire.  

Gueule de Truie

Justine NIOGRET
Illustration de Ronan TOULHOAT
Editions : CRITIC
Dépôt légal : février 2013
268 pages
Catégorie / prix : 17 €
ISBN : 979-1-090648-04-3 

jeudi 17 octobre 2013

Valerio Evangelisti : Nicolas Eymerich, Inquisiteur

Résultat de ma première LTD : je me suis remis à lire (en dehors des trajets en tramway). Du coup voici une critique bouquin, de la SF en plus. Cette fois je me suis tourné vers un ouvrage relativement classique pour les amateurs du genre puisqu'il s'agit de Nicolas Eymerich, inquisiteur. Il s'agit du premier volume du cycle de neuf que Valerio Evangelisti consacre à ce personnage.

Hérétique ! Capture issue du Nom de la Rose.

Le récit est en fait triple puisque l'on suit en réalité trois histoires se déroulant à des époques différentes. La première s'attarde bien évidemment sur Nicolas Eymerich, frêre dominicain qui dans la Saragosse de 1352 hérite de la charge de son prédécesseur. Alors que ce dernier rend son dernier souffle, il lui confie la lourde tâche de résoudre un cas mystérieux et complexe au nom de l'Eglise. Dans le deuxième récit, à l'époque actuelle, on suit cette fois Marcus Frullifer, un scientifique cherchant une chaire d'étude pour sa théorie sur les psytrons. En 2194, le vaisseau Malpertuis, qui a visiblement connu de meilleurs jours, s'élance dans l'espace vers une destination inconnue de son équipage peu rassuré.

Bien entendu on découvre au fil de la lecture que toutes ces histoires sont liées les unes aux autres. Comme il est difficile d'expliquer le comment sans spoiler le pourquoi, je vous encourage donc à lire par vous même ce qu'il en est. Sachez également que ce premier roman a reçu à sa sortie le prix Urania en Italie et que ce procédé de triple narration est souvent employé par Valerio Evangelesti, ce qui peut donc être considéré comme sa marque de fabrique. 

Le style de l'auteur est fluide et les faits s'enchaînent sans heurt ce qui rend la lecture de l'ouvrage agréable. Cela dit, on remarque assez vite que les trois histoires sont bien distinctes, notamment par leur ton. Si le passé est traité de manière précise et documentée, à la manière d'un policier, les histoires présentes et futures sont abordées de façon bien plus cavalière, presque satirique, du fait de l'emploi de nombreux stéréotypes et des noms portés par les protagonistes. Cela donne au roman un petit côté léger et second degré.

MALLEUS MALEFICARUM

Mais Nicolas Eymerich n'est pas qu'un personnage de fiction. Il dispose en fait d'une solide réalité historique car ce dominicain et grand théologien fut également l'auteur du fameux Directorium Inquisitorum qui devînt en quelque sorte la bible de tout bon inquisiteur qui se respecte. Il constitue en effet le document de référence sur le fondement juridique, la doctrine et la méthode pour la conduite d'un procès d'Inquisition. Valerio Evangelisti n'est d'ailleurs pas le seul a avoir été inspiré par cet illustre inquisiteur car une série de bande dessinée  ainsi qu'un jeu vidéo lui sont également consacrés.

Je conclurais donc ce billet en disant que bien que n'étant pas le meilleur roman de SF que j'ai pu parcourir ces dernières années, Nicolas Eymerich, inquisiteur n'en reste pas moins une lecture agréable et originale pour les amateurs de SF.


Nicolas Eymerich, inquisiteur


Valerio Evangelisti
Vol. n°10913
Science-fiction de 320 p.
Catégorie : 7
Edité par Pocket, 1998
ISBN : 2-266-14169-4

samedi 12 octobre 2013

Et l'aventure Continu(um)

Comme je le disais dans un billet précédent, j'ai donc continué le visionnage de la série Continuum. Il est vrai, j'avais été assez sévère mais je maintiens mes propos sur la première saison. Cela étant dit, j'avoue que la seconde saison est finalement une bonne surprise. Let's go pour le décorticage. 

Round Two... Fight !

Inutile de vous ressasser le laïus initial sur le voyage dans le temps, le fait que notre héroïne se retrouve piégée dans le présent, à savoir son passé, et traque des terroristes anticorporatistes bien décidés à changer le futur. Suffit de relire le sujet précédent pour se rafraîchir la mémoire.

Dans cette seconde saison les différents protagonistes prennent de l'épaisseur et Victor Webster donne désormais l'impression d'être à sa place dans la distribution. Si j'étais mauvaise langue je dirais que cela pourrait être lié à sa certitude de continuer une saison de plus. Comme je ne le suis pas,  je considérerais que c'est simplement relié à une meilleure exploitation du tandem Carlos/Kiera. Notre enquêtrice déracinée perd  d'ailleurs peu à peu ses repères, s'accrochant dur comme fer à un avenir qu'elle espère retrouver sachant que chacun de ses actes est susceptible de l'anéantir. Ce tiraillement entre espoir et devoir est assez bien retranscrit par les différents choix moraux qu'elle se retrouve devoir faire tout au long des 13 épisodes de cette saison (note : 3 de plus que pour la première.)

Niveau histoire cela se densifie et si les scénaristes n'ont pas encore dévoilés toute leur main, ils sont cependant en train de remporter la mise. Reste à savoir si leur jeu est vraiment gagnant ou s'il s'agit d'un coup de bluff. Quoi qui'l en soit, cela s'en ressent également sur la réalisation qui devient plus nerveuse. Globalement, la majorité des manques que j'avais ressentis au terme du visionnage de la première saison sont satisfaits au terme de cette seconde : la trame devient plus sombre et complexe, les situations évoluent et ce qui semblait parfois évident ne l'est plus toujours, achevant de brouiller les pistes. Je pourrais reprocher certains choix de facilité mais ce serait pinailler.

Tu fais moins ton malin maintenant, hein ?!

Par l'intermédiaires des flashs forward, plus nombreux dans cette seconde saison, le futur devient un personnage de la série à part entière et son ancrage dans notre présent est pour le coup davantage marqué. Je me suis d'ailleurs parfois demandé si le futur montré était celui qui adviendrait désormais ou celui qui  avait déjà été, à savoir celui de 2077 avant les événements de 2013, suivez un peu ! 

L'idéologie fondatrice de liber8 est également approfondie et les terroristes exposent enfin leurs idées. J'ai trouvé à quelques reprises un peu facile l'amalgame qu'il est fait entre les grandes multinationales capitalistes - et leurs pratiques - et le corporatisme mais cela semble en fait coller à la définition que les anglo-saxons s'en font. Tant pis donc pour la terminologie cyberpunk ! Bon, les idées véhiculées ici ne brisent pas trois pattes à un canard mais s'inscrivent en plein dans la crise mondiale actuelle : besoin de sécurité, de confiance, de  recouvrer nos libertés individuelles et fondamentales. Rien de bien nouveau, donc, mais au moins maintenant les méchants l'ouvrent et partagent leurs points de vues. 

Durant cette saison on se rend également compte que Kiera, et au travers d'elle les corporations du futur, et les rebelles ne sont plus les seuls dans la danse. En dehors des inévitables services gouvernementaux qui interviennent dès que c'est louche, apparaît concrètement la troisième faction du puzzle temporel tout juste évoquée en fin de première saison : les indépendants. Ces derniers semblent œuvrer pour le maintient du continuum temporel et donc rectifier tout élément perturbateur. Comme le temps s'auto-ajuste pour conserver son cours normal, on peut donc supposer les membres de cette troisième faction n'ont qu'à se concentrer sur les plus gros obstacles, vraiment perturbateurs. 

Oups ! Je crois que j'ai fais une bêtise.

Pour conclure je dirais que malgré quelques défauts résiduels, la seconde saison de Continuum m'a rallié à sa cause, suffisamment en tous cas pour attendre sa suite. Si sa ligne directrice semble bien moins maîtrisée que celle de Fringe, son rythme n'en demeure pas moins constant et le divertissement présent. La scène finale, plutôt perturbante, si elle lève le voile sur certains mystères ne fait qu'ajouter son propre lot de questions : quel est ce fameux rôle devant censément jouer Kiera ? Quelles sont les réelles intentions des indépendantistes ? Le futur a-t-il bien été altéré ? Autant de questions auxquelles j'attendrais des réponses dans la saison 3.

mercredi 9 octobre 2013

Riddick

Le 18 septembre dernier sortait sur nos écran Riddick, que je suis bien entendu allé voir. Le titre est en fait tiré du nom du héros de l'aventure, de retour pour un troisième opus d'une trilogie annoncée. Alors, véritable conclusion ?

Notre bad guy se préparant à en découdre. Tiré de l'affiche du film

Avant de rentrer dans le vif du sujet rappelons un peu ce qui a précédé. En 2000 sortait en France la première aventure de Riddick sous le titre de Pitch Black. Si sa fréquentation fut assez confidentielle (un peu moins de 83 000 entrées dans l'héxagone), c'est surtout sa version DVD qui lui valut une notoriété après coup, suffisamment en tous cas pour que les fans attendent une suite avec impatience. David Twohy annonce alors à l'époque que le projet était dès le départ pensé comme une trilogie.

Portés par le succès du premier volet, réalisé avec peu de moyens et de manière indépendante, les producteurs mettent cette fois la main à la poche et en 2004 sort enfin la suite tant attendue : les chroniques de Riddick. Si on retrouve avec un plaisir non feint le personnage de Riddick, le film n'a cependant pas la fraîcheur de sa préquelle et ce malgré un travail indéniable sur l'ambiance et l'esthétisme visuel. Le succès escompté n'a pas lieu et les entrées remboursent tout juste les sommes investies ; le projet n'est plus considéré comme bancable, les producteurs jettent l'éponge et les fans perdent tout espoir de voir un jour s'achever la saga. 

Et puis l'année dernière, contre toute attente, on tease que Twohy a commencé le tournage du troisième et dernier épisode de manière indépendante. Comme le premier. Un retour aux sources en somme. Vin Diesel, qui incarne à l'écran Riddick, a même hypothéqué sa propre maison pour aider au financement du film. Il faut dire que l'acteur est très attaché au personnage qui a lancé sa carrière. Fan de la seconde heure, c'est donc avec une excitation teinté d'angoisse que je me suis rendu à la séance. 

Concept Art pour Riddick 3
Les lumières s'éteignent. Paysage rocheux aride. Les premières notes du thème retentissent. OK, au moins on est bien dans la bonne saga. Je vais essayer de ne pas trop spoiler mais avant d'entrer un peu plus dans le vif du sujet il convient de parler du personnage pour ceux qui ne le connaissent pas. Riddick, donc, est un furyan, peuple quasiment éteint et n'ayant pas la réputation d'être docile. Il s'est donc rapidement attiré de nombreuses inimitiés jusqu'à ce que sa tête soit mise à prix. N'aspirant qu'à rester libre alors que l'Univers civilisé dans son ensemble le désire mort ou vif, Riddick est donc devenu un survivant, aiguisant ses sens et ses capacités, devenant un prédateur pour ne pas devenir la proie. Si cela ne suffisait pas, il est également devenu nyctalope suite à une opération subie en prison selon ses dires - information à priori non vérifiée.

Revenons au film maintenant. Les détracteurs diront que c'est un second Pitch Black. Il est vrai que ce troisième épisode possède de nombreux points de similitude avec son aïeul. En ce qui me concerne, je trouve que ces ressemblances sont davantage des rappels à chaque parties de la trilogie que des redites. D'ailleurs la structure même du film est tertiaire : on débute sur un Riddick en mode survival, se reconstruisant tant mentalement que physiquement après s'être perdu durant le second opus. Suit une seconde partie de chien et chat avec des chasseurs de primes. Enfin tout ce beau monde se retrouve aux prises avec la faune locale et doit coopérer pour espérer quitter la planète saufs. Sur le papier on retrouve donc quasiment le scénario de Pitch Black mais c'est justement par l'usage de cet effet miroir qu'autour de l'épisode central les deux autres s'opposent :

  • Alors qu'il est le prisonnier au départ de Pitch Black, c'est Riddick qui choisit d'attirer à lui les chasseurs de primes dans ce dernier volet.
  • La première planète est désertique, les créatures photosensibles, la dernière est hostile mais la vrai menace vient de l'humidité.
  • Riddick commençait enchaîné, luttant pour sa seule survie, il termine libre et avec un but à poursuivre. 

Concept Art pour Riddick 3

Ainsi tout au long de cette trilogie notre badass de héros reprend les rênes de son destin qu'il affronte désormais face à face, entre quatre yeux, certain de sa propre victoire. Cerise sur le gâteau, il s'est en plus trouvé un but, quelque-chose lui permettant de se projeter dans l'avenir et de s'affranchir de sa seule survie quotidienne. Donc oui, dans ce troisième épisode on retrouve le Riddick qu'on a apprit à aimer. Oui les allusions à Pitch Black sont flagrantes mais elles sont aussi autant de repères pour montrer le chemin parcouru par le héros. Tant par sa structure que par sa narration, ce film se veut à la fois synthèse et conclusion de sa propre saga, ce que vient encore renforcer le titrage éponyme. Il s'agit donc pour moi du clap de fin d'une trilogie et il me chagrinerait désormais qu'une suite soit annoncée.

Pour achever ce billet j'ajouterais que si ce film n'est certainement pas le meilleur de l'année, ceux qui ont aimés Pitch Black et sont fans de cette brutasse de Riddick apprécieront son visionnage, que ce soit pour  le divertissement décomplexé qu'il procure ou bien la constance du travail de Twohy sur cette saga.

samedi 5 octobre 2013

1er octobre 2013 : mort de Tom Clancy

Billet assez inhabituel cette fois puisque j'inaugure une rubrique nécrologique. Le 1er octobre dernier s'éteignait Tom Clancy (12/04/1947-01/10/2013) dans un hôpital de Baltimore, même ville qui l'a vu naître. Mon lectorat amateur de roman verra en lui un des maîtres du roman d'espionnage, dit techno-thriller de part son aspect extrêmement documenté. Les autres penserons plus probablement aux jeux inspirés directement de son oeuvre et auxquelles il prête un peu plus que son nom. Mais j'y reviendrais.

Tom Clancy
Tom Clancy est donc né dans la ville de Baltimore, état du Maryland, USA, le 12 avril 1947. Diplôme d'anglais en poche, il devient un premier temps courtier en assurance mais sa véritable passion est militaire. C'est donc assez logiquement qu'il finit par s'enrôler dans l'armée. Hélas, et à son plus grand dam, il ne peut participer à la guerre du Viêt Nam du fait de sa mauvaise vue. 

Cela le pousse alors sur la voie de l'écriture. Il finit donc pour proposer son premier roman, The Hunt For Red October, mieux connu dans nos contrées sous le titre de A la poursuite d'Octobre Rouge. Ce roman ayant pour contexte la guerre froide, est inspiré d'une histoire vraie et raconte le passage à l'ouest de l'équipage d'un sous-marin nucléaire russe. L'ouvrage est tellement bien documenté et crédible qu'il est publié par l'Académie navale d'Annapolis. Le techno-thriller était né. Par la suite nombre de ses romans seront centrés sur le personnage de Jack Ryan et sa famille, ancien professeur d'histoire qui deviendra président des Etat-Unis en passant par la case CIA. 

Car oui, si les romans de Clancy sont réalistes, ce qui est renforcé par le côté extrêmement technique et documenté de ses intrigues, ils ne s'en déroulent pas moins dans une réalité alternative. Si le monde dépeint ressemble fortement au notre et que les sujets abordés (espionnage, guerre froide, terrorisme, etc.) sont directement puisés dans notre actualité, les gouvernements et situations dépeintes dans les romans comportent suffisamment de différences pour qu'aucun amalgame ne puisse être fait. Cet artifice lui permet d'utiliser ses romans comme de véritables bacs-à-sable, permettant ainsi de donner corps à des situations  purement théoriques. C'est dans cette posture qu'il écrivit le scénario du jeu Tom Clancy's Ghost Recon dans lequel est mit en scène un affrontement armé de la Géorgie, épaulée par les États-Unis, contre la Russie.

Mais ses 17 romans (le dernier devrait être disponible sous peu) ne sont pas le seul héritage du monsieur. Tous les amateurs de vidéo-ludisme ne le savent probablement pas mais Tom Clancy est également co-fondateur de la société de jeux vidéo Red Storm Entertainment à qui l'on doit notamment de nombreux jeux célèbres à qui il a prêté son nom. Pour ne donner que deux séries, je citerais Rainbow Six et Ghost Recon (déjà évoquée plus haut.) directement inspirées des romans éponymes du romancier. Même si la société fut rachetée par Ubisoft en 2000, l'empreinte laissée par Clancy dans l'univers des jeux vidéos reste indéniable.

Enfin, 7 de ses romans ont servis de supports à des adaptations cinématographiques. On y retrouve, en vrac, Danger Immédiat, A la poursuite d'Octobre Rouge, La somme de toutes les peurs et Jeux de guerre pour ne citer qu'elles. Pour toutes ces raisons je voulais lui rendre hommage et le remercier de tout ce qu'il nous a légué. Voila qui est chose faite. 

PS : Merci à Wikipedia d'où j'ai tiré la majorité des informations biographique, rendons à César ce qui lui appartient.