Pour ce deuxième billet il s'agira d'une escapade télévisuelle. Comme le titre le laisse supposer, je viens donc de finir le
visionnage de la première saison de Continuum. J'y suis venu après avoir survolé quelques critiques positives et aussi parce que j'aime bien les séries d'anticipation. Après coup, tout ce que je peux dire c'est
qu'elle me laisse finalement sur un sentiment mitigé. Mais bon, kézako ?
Il s'agit d'une série
policière canadienne diffusée par la chaîne Show Case, créé et
produite en 2012 par Simon Barry. Si dans la forme on ne fait pas
vraiment dans la fantaisie et l’innovation, le fond demeure plus
intéressant : en 2077 les corporations ont pris le contrôle après l'échec des différents pouvoirs politiques mondiaux. Dans
cet Eden de façade, un mouvement de rébellion nommé liber8 guerroie pour recouvrer les libertés individuelles que les corpos ont pris
soin de faire disparaître. Les leaders de la branche terroriste de
ce mouvement sont finalement arrêtés, non sans qu'ils soient préalablement parvenus à faire exploser le parlement corporatiste en causant par la même
occasion des milliers de morts. Condamnés à mort – pour l'exemple
– le petit groupe de terroristes parvient à s'échapper durant
l’exécution en utilisant un vortex temporel. Car oui, leur
objectif réel est de changer le passé par sauver le futur. Ce qu'ils
n'avaient pas prévus, c'était qu'ils embarqueraient dans leur
sillage notre héroïne, représentante des forces de l'ordre du
futur bien décidée à les stopper tout en cherchant un moyen de
rentrer chez elle.
Lorsque j'ai lu cela, je me suis dit chouette, on va donc traiter de voyage et de paradoxe temporel. C'est effectivement le cas puisque Kiera Cameron, notre intrépide héroïne, se lance à la poursuite des rebelles pour les empêcher de nuire à son futur et à la famille qu'elle a laissé en 2077. Sans trop spoiler, je peux dire que s'il existe différentes théories temporelles, certaines plus souvent avancées que d'autres, celle qui est abordée ici considère que le temps s'écoule un peu comme un fleuve. Si tu en modifie le cours, en altérant le déroulement normal des événements par exemple, alors la trame temporelle fait tout pour recoller les morceaux et reprendre son lit normal, quitte à faire quelques ajustements. C'est vrai quoi, le futur doit avoir lieu autrement le présent ne pourrait pas être sinon. On tient là l'origine du titre de la série. Show must go on !
Punaise, j'me tape une de ces migraines moi... |
C'est bien beau tout cela, mais concrètement, ça donne quoi ? Commençons par le casting, déjà. Si Rachel Nichols, l'actrice principale, héroïne de cette histoire et (seul ?) atout charme de la série s'en sort bien, c'est loin d'être le cas du reste de la distribution. Son partenaire à l'écran, Victor Webster, s'il fait le job, n'offre qu'une belle gueule sans âme dans son interprétation de Carlos Fonnegra, le détective de 2012 faisant équipe avec Kiera. A côté, Stephen Lobo en rebelle indépendant et Erik Knudsen en petit génie sont bien plus convaincants, à défaut d'êtres crédibles.
L'histoire maintenant. Malgré des flashs Forward à chaque épisode, j'avoue qu'à la fin de la première saison je peine encore à savoir ou les scénaristes veulent nous emmener. Certes, Kiera poursuit assidûment les terroristes et les enquêtes ne s'éloignent que peu de cette traque. Assurément certaines questions posées trouvent une réponse - un peu trop hâtivement à mon goût d'ailleurs - et des fils rouges sont peu à peu mis en avant : on s'en doutait, il y a du complot dans l'air et le passé semble inextricablement imbriqué dans le futur auquel il a donné le jour. Euh d'accord, mais les corporations ? Et la société du futur ? Si certains partis pris dans l'évocation de ce futur semblaient prometteurs, leur traitement s'en montre également d'autant plus frustrant par sa brièveté. Quid de cette société corporatiste dans laquelle toute liberté individuelle est réduite à peau de chagrin ? Comment être soi lorsque les corporations te fournissent tout, de la nourriture que tu ingères à ton logement jusqu'à l'argent qui te permet d'acheter ce que as toi-même contribué à produire ?
Je me serais donc au moins attendu à ce que les membres de liber8 fassent autant parler leurs mots que leurs armes. Et bien non, on juste droit à un groupe terroriste à la Al-Qaïda avec un leader plus ou moins charismatique relativement avare en paroles idéologiques. Je me suis même parfois demandé pourquoi ils ne collaient pas une balle dans la tête de cet empêcheur de terroriser en rond ? Sérieux, quel rabat-joie. Je me suis également attendu a voir davantage de rappels passé/avenir et qu'on parlerait beaucoup plus des racines corporatistes en 2012. Cela aurait pu apporter par la même occasion un regard critique sur la société actuelle. Là encore, une déception. Et je passerais sur certains changements bien arrangeants dans l'attitude des protagonistes .
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Pour conclure, je dirais donc que si la série se laisse regarder, elle me dérange par son traitement mi figue mi raisin. Plutôt que d'exploiter les quelques éléments ambitieux de son pitch de départ, les scénaristes se contentent de recettes éculés mais ayant déjà fait leurs preuves. Même la réalisation est plate et ultra-conventionnelle. J'aurais vraiment apprécié beaucoup plus de panache dans cette série, plus de prise de risque. Au lieu de cela j'ai toute les peines du monde à me prendre d'affection pour les personnages tout en restant sur ma faim au niveau du fond. Je regarderais cependant la seconde saison avec l'attente et l'espoir d'un traitement plus profond et moins mercantile du concept.
Bref,
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